Clara Ledermann

Jeudi 13 février 1997 - un an de plus et ça aurait été un vendredi. Dommage pour l'anecdote, mais tant mieux pour Clara, il ne manquerait plus qu'elle n'ait été traitée comme une malédiction. Sa date de naissance ne sera probablement pas dans les annales, mais en tout cas, ses parents l'ont marqué sur la toute première photo qu'on a prit d'elle, dans les bras de sa mère. Une photo qui ne bouge pas. Après tout, ses deux parents sont des humains, ou des moldus, comme préfèrent les appeler la population sorcière.
Il n'y a pas grand chose à dire sur l'enfance de la petite Clara Ledermann, si ce n'est de préciser ses origines exactes, et sa situation familiale. À vrai dire, ses deux parents étaient des scientifiques, s'étant tous deux rencontrés dans leur laboratoire de recherche à l'université, lors de leur doctorat. Une jolie histoire d'amour que l'on gardera pour eux, au milieu de machines centrifuges et des mots-croisés. On comprendra rapidement donc, que Clara avait une vie aisée en tant que moldue, appartenant à la classe moyenne supérieure, et assez proche de la technologie pour avoir un ordinateur à la maison, déjà à l'époque. Pour une petite famille Lausannoise, c'était pas si mal.

Une jolie maison, deux chiens, des parents toujours plongé dans leur travail mais aimant, une jeune fille au pair pour s'occuper d'elle pendant que ses parents étaient à l'université ou au labo. Des longs voyages dans d'autres pays pour les vacances, la maternelle puis l'école primaire, le toute dans une école privée. Elle faisait du ballet (forcé un peu par sa mère), dessinait et peignait déjà à l'époque avec les cours extra-scolaires que lui payaient ses parents. Elle jouait parfois sur l'ordinateur, mais bien souvent avait le nez fourré dans un livre, presque toujours une revue scientifique pour les enfants que lui offraient ses parents. Tout se passait parfaitement bien. Et à vrai dire, les Ledermann ne s'étaient jamais doutés que leur petite fille était en réalité un sorcière. Comment était-ce possible? Après tout, la magie n'existait pas, et ceux qui se prétendaient magiciens étaient soit fous à lier, soit des prestidigitateurs, qui n'avaient que quelques tours pour distraire notre attention. Quant à la jeune fille au pair, elle a toujours cru que c'était la fatigue qui lui avait fait croire que le nounours était passé de l'étagère aux mains de Clara, ou encore que les brocolis glissaient toujours de ses mains par inadvertance - tout du moins jusqu'à ce que la petite fille accepte d'en manger.
Quel fût donc la surprise pour les Ledermann de recevoir cette lettre de Beauxbâtons, un nom qui ne leur disait rien, alors qu'ils préparaient leur fille à entrer en sixième; car après tout, la rentrée arrivait. Ils ne comprenait pas tout de suite, pensaient à une blague, jusqu'à ce que quelqu'un vienne leur expliquer. Malgré tout, ils ne trouvaient pas d’explication logique, ils ne trouvaient pas ça rationnel, et ne pouvaient pas accepter. Et Clara non plus. Et pourquoi vouloir partir à Beauxbâtons, pourquoi vouloir partir en France? En Suisse, après tout, elle avait beaucoup d'amis, et ses notes à l'école étaient excellentes... Pourquoi vouloir partir?

Alors le sorcier envoyé par Beauxbâtons pour convaincre les familles moldues dût redoubler d'efforts avec celle-ci, qui malgré ses coups de baguette et sa magie, ne semblaient pas le croire. De toute façon, les Ledermann n’ayant pas d'argent du monde magique, Clara devait recevoir de l'argent du ministère magique Helvète (suite à un accord passé avec le ministère Français - après tout, ils acceptaient déjà les élèves romands à Beauxbâtons vu que la plupart ne parlaient pas assez bien allemand pour aller à l'école suisse), déjà déposé dans un compte ouvert à son nom dans la banque, et le sorcier devait tout lui expliquer, l'accompagnant pour faire ses emplettes. Et bien que réticents au départ, les Ledermann tombèrent d'accord de suivre cet étrange bonhomme. Et il faut dire, que le choc fût assez grand.
Tout d'abord: Clara était une sorcière. et bien que cette révélation laissa les trois Ledermann perplexe, une fois sa baguette en main et sa magie qui semblait répondre immédiatement à ce bout de bois, tout semblait bien plus claire. Notamment les lointains souvenirs de vouloir son Nounours dans les mains, ou plus récents, les livres qui semblaient se ranger tout seuls.
Ensuite: ils devaient se séparer. Et si le faite que ses parents étaient loin pratiquement toute la journée jusqu'au soir ne la dérangeait pas, notamment parce que la plupart de la journée elle était de toute façon à l'école, être loin pendant pratiquement toute l'année la gênait grandement, et c'était de même pour ses parents. Il faut comprendre que les Ledermann ont ce qu'il y a de plus proche d'un amour fusionnel, et sont tous adeptes de la "méthode câlins". Elle s'est toujours très bien entendue avec ses parents, et à vrai dire, ne leur a jamais rien caché - ses parents l'avaient éduqués pour être une jeune fille polie et honnête, eux-même détestant les mensonges. L'idée même, donc, de la voir partir pour Beauxbâtons, de plus sachant que ce serait un univers totalement inconnu et différent, ne pouvait que leur déplaire.
Mais pour finir, après une réunion de famille, ils acceptèrent. Surtout que, malgré tout, les Ledermann voulaient rester des personnes ouvertes d'esprit, et une fois la magie de leur fille prouvée... ils n'avaient d'autre choix que de l'accepter.

La première année de Clara fût donc excitante: elle entrait dans un nouveau monde, et comme l'enfant qu'elle était, était émerveillée et intéressée. Cependant, elle ne comprenait pas sa magie, ne comprenait pas comment manier sa baguette, une frustration qui la poussait, après les cours, à s'entraîner encore et toujours. Et si sa première année ne donnaient pas les notes (ou l'équivalent de Beauxbâtons) qu'elle aurait espéré pour sa sixième en Suisse, dès la seconde année, ses entraînements constants lui permirent de devenir l'une des meilleures de son année, bien que pas la meilleure (ce qui lui a, jusqu'à encore aujourd'hui, toujours donné la motivation de continuer à s'entraîner).
Cependant, dès sa première année également, sa confiance en soi fût quelque peu blessée, et elle le cacha à ses parents. Elle reçut bon nombre de brimades de la part des autres sorciers, du faite qu'elle soit née moldue, mais également vis-à-vis de son ignorance face à certaines choses magiques, qui suscitaient son ébahissement, puis une honte. Elle devait donc entreprendre de s'instruire, et passa donc un bon clair de son temps à la bibliothèque, ce qui lui valut encore d'autres brimades. Très vite également, ses origines semblaient être un problème et furent la source d'autres brimades. Alors la pauvre Clara vit fuser plusieurs insultes et moqueries à son égard, et rarement de la violence plus "physique" qui restait cependant de l'ordre magique. Et elle se sentait si différente de ceux qui devaient être les siens...
Elle ne trouva pas plus de réconfort chez les hybrides. En réalité, bien qu'elle avait commencé à apprendre les problèmes des hybrides et des sorciers dans le monde magique, ces derniers la prenaient, la plupart du temps, pour une sorcière plutôt que pour une née moldue elle aussi rejetée. Elle ne pouvait donc pas les comprendre, selon eux, alors qu'elle se sentait tout aussi marginalisée. Qui avait dit que les gens comme elle étaient plus acceptés que les hybride?

Vous comprendrez donc que Clara n'ait pas eût la vie la plus heureuse à Beauxbâtons dans ses premières années, mais ce n'est pas pour autant qu'elle était malheureuse. En effet, au bout de sa troisième année à l'école de magie, ses parents lui permirent d'abandonner le ballet - alors que les années précédentes, il lui avaient donné des exercices à faire lors de son séjour à Beauxbâtons (malgré qu'elle ne les faisait pas toujours), ainsi qu'obligé à continuer à prendre des leçons durant les vacances, tant de Noël que d'été. De plus, Clara commençait doucement à s'épanouir dans la magie, et prenait de plus en plus avantage de ses différences. Elle était moldue? Et alors? Elle était Suisse? Et alors? Elle prenait de la fierté dans ses origines, dans son pays, et commençait à tout allier dans sa vie: le côté magique au côté humain (et c'est vers sa quatrième année qu'elle abolit presque totalement le terme "moldu" de son vocabulaire, préférant le mot humain), sa vie en France et sa culture suisse. Au final, alors qu'elle avait si longtemps tenté de se plier aux autres, elle décida d'affirmer ses différences, à garder la tête haute et à garder son vocabulaire propre, régional, national. Elle était fière de ce qu'elle était et ce qu'elle était devenue. Et si les hybrides la pensaient sorcière alors que les sorciers la pensaient moldue, alors elle embrasserait cette double identité, au lieu de se lamenter de n'être pas à sa place nulle part. "Les siens", ce sont tous les êtres vivants et respirant, qu'ils soient humains, hybrides ou sorciers. Et son but serait dès à présent de les aider, et de les voir cohabiter en paix, quelque soit leurs origines, leur génétique, ou quoi que ce soit d'autre.
Son émerveillement et son envie de savoir revint alors avec cette prise de conscience, et toujours autant dans la bibliothèque, elle commença à être plus ouverte aussi au reste: quatrième année, et elle se mit à entrer dans le club de duel et à tenter d'entrer dans l'équipe de Quidditch de son armoirie. Et fût heureuse de se voir bien accueillie dans les deux.

C'est aussi vers cette année là que Clara se rendit compte qu'elle était une brillante sorcière, tout dans la subtilité des enchantements, ayant plongé sa vie dans les livres, elle se rendit compte savoir plus de sortilèges que la plupart de ses camarades, et aussi, d'être plus subtile et imaginative dans leur utilisation. Ses notes, quant à elle, étaient excellentes, comparé à bien de celle de ses amis ou ennemis, et elle n'avait en réalité pas à se faire du soucis... Si ce n'est en divination.
Si elle l'avait prit en troisième année par curiosité, elle se rendit bien vite compte qu'elle trouvait que tout ceci était des sottises. Elle ne croyait pas en ces pseudo-prédiction, tout comme elle n'avait jamais cru en l'Astrologie. Très vite, dû surtout à son manque d'intérêt et à au faite qu'elle n'était pas douée et ne faisait aucun effort, la divination devint son seul point faible... et sa seule mauvaise note. Mais elle ne s'est jamais décidée à changer d'option, à en faire la demande, ou à tenter de remonter ses notes. Après tout, quel intérêt à étudier les humains, alors qu'elle était persuadée en savoir plus que le professeur?
La magizoologie, cependant, devint très vite une passion: elle voulait toujours en apprendre plus sur tous ces animaux, et parfois même sur les familles de certains hybrides. Elle rêvait même d'en apprendre plus sur leur culture, pour ceux qui en avait, leur façon de socialiser... C'était un intérêt totalement scientifique, que beaucoup ne pouvaient pas comprendre... et que certains hybrides n'appréciaient pas. Très vite, cependant, Clara apprit qu'il ne valait mieux pas poser des questions aux hybrides de l'école, beaucoup étant peu enclins à répondre, ou alors, ne répondant qu'avec les poings ou la baguette.

Pendant les vacances d'été alors, Clara s'intéressa au monde des humains: la géographie, l'histoire, les différentes cultures. Elle s'informait, se rapprochait un peu plus de cette identité qui était la sienne. La technologie moldue n'avait plus de secret, et même si tout au long de ces années elle avait toujours gardé des amis humains, elle approfondit leur relation et promit une relation épistolaire, ravie que ses amis Suisse l'acceptèrent. Elle connaissait alors ses deux mondes autant l'un que l'autre, et chaque été, elle refait de même, tentant tant bien que mal de toute de même se garder informée à Beauxbâtons.

Vint la cinquième année, et d'autres choix s'ouvrirent à elle. Sans hésitation aucune, Clara choisit la Médicomagie et la Magidigitation. Le premier choix remontait, en réalité, à son désir d'enfance d'être médecin pour humains. Le faite d'apprendre comment les sorciers soignaient était donc une suite parfaitement logique à ce désir, surtout qu'elle souhaitait allier magie et technologie humaine pour que ça ne fasse plus qu'un. Ensuite, la Magidigitation était probablement ce qui pouvait pousser à ce but. Après tout, n'existait-il pas ces humains "soigneurs" qui par leurs mains pouvaient soigner des gens? C'était peut-être la preuve que les humains aussi pouvaient avoir quelque peu de magie et, sans le savoir, utilisaient la magidigitation dans sa forme la plus simple. Tout comme les sorciers le font naturellement, à certaines occasions, lorsque leur pouvoir s'éveille... avant d'avoir la baguette.
Plongée dans ses études, il faut dire que Clara ne fait pas grand chose d'autre, si ce n'est ses activités extra-scolaire qui la mettent dans son élément et dans un état proche de l'euphorie. On peut dire qu'elle est une personne accomplie, bien qu'elle est certaine qu'elle a encore beaucoup à vivre, elle ne peut, en réalité, pas attendre de voir tout ce qu'elle va apprendre, découvrir et savoir dans le futur.

Clara a seize ans et entre dans sa sixième année, avec toute l'excitation que cela procure. Et pourtant, au bout de six ans, elle ne cesse de sentir le déchirement dans son cœur de devoir, une fois de plus, quitter ses parents jusqu'à Noël...