Alex était prêt. Il avait mis l’une de ses robes bleues foncées. L’une de ses préférés, avec un liseret plus clair sur des coutures bien définies et un col Mao, il l’avait achetée en Norvège chez un tailleur très côté. Il l’avait mise car elle le rassurait. Ce cours était important pour lui, simple au-delà de tout entendement mais important. Nerveux ? Un peu c’était certain, il n’avait cessé de parcourir la salle, voir si les chaudrons étaient bien en place, si les ingrédients étaient posés à côté de ces derniers. Il y avait pour ce premier cours, un chaudron pour deux. Il s’était dit que ça rassureraient sans doute d’avoir quelqu’un avec eux et dans ces premiers temps de l’année, rencontrer quelqu’un était toujours agréable. Il avait noté au tableau de son écriture serrée « Introduction aux Potions, Chapitre 1 ». Premier cours, première année.
C’était un exercice de taille pour lui. Il était rentré à Beauxbâtons sur recommandation, son ancien professeur avait vanté ses mérites auprès de la directrice, puis avait passé un entretien avec l’impressionnante Madame Maxime. Certes, il n’en était pas à ses débuts, il avait de nombreuses fois donné des conférences sur les potions, mais jamais à des enfants de 11-12 ans et rarement sur les bases. Il allait falloir se mettre à leur hauteur. Assumer qu’ils ne connaissaient rien. Que même certains n’avaient jamais entendu parler de magie avant de venir ici. Il avait travaillé sur ce cours pendant plus de temps que certains autres pour être sûr d’être à l’aise et agréable à écouter.
Quinze minutes avant le début du cours, il ouvrit la porte de la salle pour que les élèves rentrent. C’était le deuxième jour de rentrée pour eux. Pour Alex c’était la découverte de ses petits élèves, ceux qu’il allait suivre de la première à la septième année, ceux qui n’auraient sans doute que lui comme référent de potions avant l’entrée dans le grand monde de la magie. C’était très important de leur faire aimer ce cours. Des futurs génies des potions se trouvaient peut-être déjà sous ces petites têtes blondes. Il resta debout sur l’estrade en attendant que tout le monde rentre, il en profitait pour disposer des fioles de différentes tailles et couleurs sur le bord de son bureau, à chaque fois qu’il élève entrait il posait un « Bonjour Monsieur » ou « Bonjour Mademoiselle » accompagné d’une phrase amicale du type « Bienvenue » ou « Entrez, je vous en prie » ou encore « Installez-vous où vous le souhaitez ». Sa voix assez grave, chantonnée, faisait contraste avec une expression neutre et polie où aucune émotion particulière ne paraissait. Il attendit que l'heure soit dépassée de trois minutes avant de fermer la porte et de se planter sur l'estrade attendant que les petits bavardages cessent.
