La dernière année de bonheur et ce qui suivit.

Ano était bien content ce soir là. Il avait toujours adoré le Nouvel an. Non pas parce que c'était le soir où ils buvaient champagnes, jus de fruits ou sodas, ou même parce qu'il mangeait du filet de dorade, sauce à l’orange et écrasée de pommes de terre aux herbes, accompagné d'un plateau de fromage pour finir sur du tiramisu aux fruits rouge… Non, non, loin de là. C'était parce qu'il pouvait veiller toute la nuit pour qu'à minuit, embrasser sa famille sous le gui et surtout, surtout parce que Padbie venait. Il était fort occupé ces temps derniers avec les fêtes car il  faisait des études dans la boulangerie et les commandes avaient fusées. Ano attendait ces moments avec impatience d'habitude, mais pas ce soir. Entre son anniversaire, c'est-à-dire Noël, et le Nouvel an, ça faisait un peu trop et il était épuisé.

-Notre petit nous quitte déjà ? lui demanda M. Durand
-Tu n'a plus la force de veiller ou tu ne veut pas nous embrasser à minuit ? charia Mme Durand
-Non, fatigué… parvint à articuler Ano qui tombait déjà de sommeil.
-Je vais t'aider à te déshabiller. dit Padbie avec le sourire
-Et me lire une histoire ? demanda Ano soucieux.
-Bien sûr…

Il attrapa d'un coup son léger petit frère par les aisselles et le mit sur ses épaules. Ano faisait semblant d'être un chevalier sur son fier destrier et de brandir une épée pour aller combattre une quelconque bête fantastique. Padbie imitait le hennissement du cheval et galopait jusqu'à la chambre de son frère. Ah qu'est-ce-que Ano n'aurait pas donné pour plus de moments comme celui-ci ! La chambre d'Ano paraissait assez vaste quand on avait son âge mais aussi parce qu'il n'y avait pas grand-chose. Un lit rectangulaire avec un table de chevet sur laquelle reposait une lampe qui reposait elle sur une petite pile de livre, une bibliothèque adaptée, une table avec une chaise, une trousse et des feuilles éparpillées, une malle à jouets, une petite tente qui se plie et se déplie instantanément et nue chaise près du lit pour y déposer les vêtements. Ano commença à enlever son pantalon ; il avait cette fâcheuse manie enfantine de piétiner le pantalon pour pouvoir en extraire ses pieds, chose que lui rappelaient sans cesse sa famille. Il leva les mains aussi haut qu'il le pouvait pour que Padbie puisse l'enlever. La partie qu'Ano aimait le moins était le col car ça lui faisait un peu mal au nez mais tout allait mieux quand il passait par-dessus la tête. Il lui enleva ses chaussettes et son slip et lui mit son pyjama.

-Qu'est-ce-que te racontait maman ?
-Euh… Une fille qui rencontre une chenille et avant un lapin blanc...
-Ah ! s'exclama Padbie. Le voyage d'Alice au Pays des Merveilles.
-Oui ! Oui !
-Bon, je vais te lire jusqu'au… « Thé de fou ».
-D'accord !

Ce fut son histoire du soir et les yeux d'Ano pétillaient à chaque mot. Car Ano aimait et aimera toujours les Contes de Fée, ceux que l'on oublie vers l'entrée au collège et que sur, allez, sept-cent ou huit-cent élèves, il n'y en n'a que un qui aime les Contes et qui croit à toutes ces choses merveilleuses car elles sont l’une de ses plus grandes raisons de vivre. Pour Ano, ce fut un plaisir d'aller à Chevreuse, car le vert est la couleur des Fées. Mais revenons à cet espace-temps où, quand Padbie eut fini, il partit tout en prenant trois enveloppes sur le bureau d'Ano que ce dernier avait oublié de leur donner. Après être sortit de la chambre, Padbie leur annonça que son petit magicien de frère était en voyage avec Alice au Pays des Merveilles puis il leur donna les lettres. Ce fut M. Durand qui commença :

-« La banque  des vœux vous informe qu'elle verse sur le compte de votre vie 365 jours de santé, de joie, de bonheur et de réussite ! » Il a du vocabulaire et de l'imagination pour un gamin de 4 ans. constata-t-il
-Alors, « A l'aube de cette année, je voudrais que tu trouve l'amour et j'espère de tout mon cœur que tous tes souhaits seront exaucés.  ». J'espère aussi sinon, le surnom de Padbol n'a pas fini de me poursuivre, et toi m'man ?
-Alors moi j'ai « Paix et santé dans ton cœur et bonne année. »

[i]En fait, l'avantage avec les adultes, c'est qu'ils ne font pas attention à ce qu'ils peuvent dire certains fois. Ano savait que son père avait eut un problème financier et que la mort de sa grands-mère maternelle avait fortement affecté sa mère à lui à tel point que, une fois, elle fit un malaise. Quant à Padbie, il avait eut tellement de râteaux de la part des filles comme des garçons que son frère lui avait donné comme surnom « Padbol » et que, l'ayant dit innocemment aux copains de son frère, ils l’appellent comme ça depuis le lycée. Ano avait fait beaucoup de recherches dans les livres de l'école et demandé à son maître de l'aider pour que les lettres ne disent pas qu'un banal « Bonne année, bonne santé... ». Non, ils voulaient qu'elles aient un but précis.


-Alors Barbe ? Ca t'a plut ma petite histoire ?
« -J'ai bien aimé, petit futé vas… On aurait jamais imaginé que ce décembre fatidique, tu…  Et, euh, ça te manque beaucoup tout ça ? »
-Il faut dire que ce qui me manque le plus, ce sont les bains que je prenait avec Padbie. Celui dont j'ai le plus souvenir fut celui de Février de la même année mais ça, c'est pour une prochaine fois. Allez vas te coucher mon chat. Dort bien.

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